Into the presque wild

Ce week end était pour moi un week-end de trois jours. L'occasion rêvée pour partir en rando ! L'objectif était la conquête de la Roche Ecrite, culminant à 2200m au dessus de Salazie et (un peu) de Mafate, en partant de la maison.

Debouts à 5h, nous partîmes le soleil tout juste levé sur le sentier Mercure, celui là même qui conduit au village du Brûlé. L'ascension fut pénible, limite catastrophique, et, prise d'un léger malaise pour être partie avec une allure trop rapide, j'ai bien cru que je n'allais jamais pouvoir arriver au gîte que Ludo nous avait réservé pour le soir à la Plaine des Chicots. On commence à le connaître, ce sentier. On passe le kiosque, croise la route goudronnée pour grimper à travers la forêt, pour la reprendre plus loin, de nouveau la quitter, passer à gué deux ravines en escaladant presque de gros rochers, passant sur un sol boueux, un peu rafraîchis par l'ombre des arbres, puis on passe devant le grand arbre, après sur un méandre de racines, continue à monter... J'étais bien contente de voir le panneau d'arrivée au Brûlé après la forêt de bambous ! Enfin nous allions nous aventurer sur un chemin tout neuf pour nous. Le GR R2 suit alors la route goudronnée montant à Mamode camp. Par moment, des sentiers raccourcis sont aménager pour permettre aux randonneurs de quitter un peu la route.



Vue sur le village du Brûlé

Nous avons manqué de nous perdre en raison d'un balisage qui nous est passé à côté, mais heureusement, une habitante du village nous a remis sur le droit chemin !

En quittant le Brûlé, sur les hauteurs

Mamode camp est la dernière escale avant la montée vers la Plaine des Chicots. C'est un lieu dimensionné pour les excursions pique-niques du week-end chères aux Réunionnais. Il y a là en effet de nombreux kiosques, tables, barbecue, parking, et on n'a guère de mal à imaginer l'endroit plein de monde par un bel après-midi dominicain.

En tous cas, le randonneur est heureux de trouver une table accueillante pour casser la croûte et prendre une pause !

Ainsi débute la marche dans la réserve naturelle de la Roche Ecrite. Ce panneau semble nous dire que le Tuit-tuit, espèce protégée en voie de disparition, se nourrit de randonneurs s'aventurant loin des sentiers balisés... Dans le doute, nous n'avons pas tenté la rencontre avec l'un des 50 oiseaux restant. De toutes façons, de nombreux petits oiseaux nous ont accompagné sur notre chemin, sautillant parfois devant nous, comme s'ils nous montraient la voie.

Et voici notre rencontre avec la forêt primaire, ses végétaux bizarres, et, surtout, ses senteurs enchanteresses. Un vrai plaisir pour les narines ! Nous respirions à plein poumons, nous emplissant des merveilles de cette nature généreuse.

Fougères arborescentes (eh non, il n'y a pas de cocotiers à cette altitude ;) )



Le balisage rouge et blanc, la voie du randonneur...

Bambou endémique de l'île et fougère arborescente


Puis le paysage a commencé à changer, et de la forêt des dinosaures, nous sommes passé à un mélange de Lothlorien et de forêt de Princesse Mononoké. La brume montait, et les fougères arborescentes ont laissé place à de grands arbres torturés semblant pousser à l'horizontale, proches du sol, leur troncs comme argenté, leur branches portant de petites feuilles vertes claires. Nous passions sous et au-dessous de leur troncs venant entraver le chemin, guettant à tout instant la venue d'un elfe, sûr d'être sous la surveillance des esprits de cette forêt sacrée...

Puis au détour du chemin, tiens, mais c'est un poulet ça. Eh mais il y en a un autre là ! et là ! Houra, le gîte n'est pas loin ! Et en effet, la maison du gardien apparaît à la lisière de la forêt, ainsi que les bâtiments du gîte. Partis à 6h30 de Saint Denis, arrivés à 14h, 1700m de dénivelés dans les pattes... Vive la douche et le cari poulet au feu de bois !!




Les poulets, gardiens du gîte de la Plaine des Chicots !

Nous passâmes une très agréable soirée en compagnie des autres randonneurs échoués dans ce gîte de la Plaine des Chicots, où l'accueil fut inoubliable. Et puis nous avons pu dormir dans un lit, un vrai, ce qui ne nous était pas arrivé depuis bien longtemps ;o)

Il nous fallait une bonne nuit de repos pour nous attaquer le lendemain à la prise du sommet de la Roche Ecrite ! Nous voulions aller y attendre le Soleil, et nous sommes mis en marche dès 4h le matin. Le réveil a sonné, nous avons sauté dans nos chaussures, pris la lampe torche et yalla ! En avant, à nous la Roche Ecrite ! La marche à travers la Plaine des Chicots sous la voie lactée fut magique. Les étoiles scintillaient au dessus de nous tandis que nous avancions péniblement dans l'obscurité, la lampe toujours à la recherche du balisage et des flèches blanches qui guidaient vers le sommet. Notre fil d'Ariane. La route n'en finissait pas et chaque montée que nous croyions la dernière en cachait une autre, puis une autre... Le ciel commençait à s'éclaicir, rougissant à l'approche du Soleil, et nous pressions le pas pour arriver à temps. Et quel spectacle une fois là haut ! Le cirque de Salazie à nos pieds, celui de Mafate de l'autre côté, l'océan baignant la côte Est, le Piton de la Fournaise tout au fond... Et les couleurs changeantes du lever du jour donnant vie à ce paysage, qui se dévoilait au fur et à mesure que le Soleil montait. Un coq chante, les cloches d'un église sonnent, et nous, tout là-haut, alors que tout s'éveillait insoucieusement en dessous de nous, nous étions suspendus en vol, émerveillés et soudain conscients la beauté du Monde.















Il fallut pourtant quitter notre perchoir pour retourner dans la vie ;o) Nous ne voulions pas revenir par le même chemin qu'à l'aller, comme nous l'avions pourtant auparavant prévu. Pourquoi en effet ne pas continuer à suivre ce GR qui nous enchantait tant et le laisser nous guider jusqu'à Dos d'Ane ? De là, nous trouverons bien un bus pour la Possession, puis un autre pour Saint Denis !

Deal ! Après un copieux petit déjeuner au gîte, nous avons dit au revoir au gardien puis nous sommes enfoncés dans la forêt vers Dos d'Ane...

Si nous pensions être au bout de l'émerveillement, nous nous trompions assuremment ! Le sentier suit en effet la ligne de crête des hauteurs dominant le cirque de Mafate. L'épaisse végétation nous laissait ainsi par moment apercevoir le cirque et les montagnes, et nous n'avancions pas très rapidement, nous arrêtant régulièrement pour contempler la vue.










Cette vidéo montre bien le moment où le sentier arrive vraiment sur le haut de la crête, découvrant d'un côté la descente vertigineuse dans Mafate et de l'autre, la même, mais sur Dos d'Ane. On se sent alors vraiment tout petit !

Je n'ai par la suite pris aucune photo malgré la beauté du sentier. Je m'en excuse, mais des passages assez impressionants m'en ont empêchée. J'avais plus la tête à là où je mettais les pieds qu'à mon appareil photo ! Et puis quand on rampe à quatre pattes sur le sentier étroit, incapable de se tenir debout au milieu du vide, on n'a plu de main libre pour les photos... (-_-; !

Nous n'avons pas terminé le GR qui grimpait encore sur le haut des crêtes. J'ai tiré Ludo vers le premier chemin que j'ai trouvé qui faisait mine de descendre sur Dos d'Ane. Une descente horrible à travers les caillasses, avec mes jambes tremblantes de stress et de fatigue. C'était bizarre de redescendre parmis les hommes et de retrouver un village, mais c'était aussi un grand bonheur et soulagement ;o)

Et pour revenir à Saint Denis me direz vous ? Eh bien il n'y a jamais aucun problème pour ça ici ! Les créoles sont des gens épatants, et c'est ainsi qu'à peine étions nous en train de nous poser la question du retour à la ville, qu'un conducteur de bus nous a proposé de nous déposer à l'arrêt des cars jaunes de la Possession. Et nous voilà dans un bus dévallant la route tortueuse entre la Possession et Dos d'Ane, le conducteur klaxonnant à tout va soit pour prévenir les voitures de son arrivée, soit saluant des connaissances croisées sur le passage, le tout au son de musique péi en créole ! Fantastique.

Le bus pour Saint Denis ne s'est pas fait attendre par la suite, et nous sommes vite rentrés à la maison, l'esprit encore sous le "choc" des sensations du week end.


Après tout ça, il fallait vraiment s'appeler Ludo pour continuer à sauter partout...






1 commentaires:

Anonyme a dit…

Donc je voulais dire: superbes photos!!

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