Chinese Connection 5

Lundi 20 septembre 2010 : L’étrange district 798.

Le réveil a pris le pli de l’heure chinoise, et a bel et bien sonné comme prévu ce matin là. Vivien, avec lequel j’étais sensée partager le lit double de la chambre d’amis, a préféré le canapé du salon. Deux raisons à cela : son incapacité à se coucher avant quatre heures du matin, et sa bougeotte au lit... Nous avions en effet passé la nuit précédente à nous battre, lui donnant des coups et moi répondant à ses agressions somnambules. A ce rythme là, nous serions rentrés de voyage couverts de bleus !

Nous démarrâmes la journée en douceur, partant avec Célia pour Dashanzi, le quartier « underground » des artistes protestataires de Beijing, situé dans le district de Chaoyang, pas loin de là où nous résidions. Encore un camp, avec ses barrières et ses bâtiments bien ordonnés…

Une des premières choses qui m’a interpellée en Chine est l'organisation des quartiers au sein de la ville. Jusqu’au bout, cela m’a mise mal à l’aise. J’ai vu de nombreux quartiers avec des bâtiments, uniformes, bien ordonnés, clos par un mur d’enceinte et dont l’accès se faisait par une barrière gardée par des vigiles. Même le quartier résidentiel où habitent Célia et Martin est agencé de cette manière. L’organisation était rationnelle, bien orchestrée, les allers et venues semblaient constamment surveillées, le tout dans une atmosphère urbaine polluée et grise. Je n'arrivais pas à m'y faire, voyant partout des camps...

Dans le cas de Dashanzi, toutefois, cela collait parfaitement avec l’ambiance du lieu. Ancienne usine désaffectée, le site subit depuis 2002 une reconversion et fut investi par de nombreuses galeries d'art, studios d'artistes, et bars branchés, quartier "hype" oblige. Des œuvres sont exposées à chaque recoin du district, promettant des rencontres surprenantes au détour d’un virage... Avec lesquelles le visiteur peut interagir en toute liberté !

Un plan panoramique d'une rue du quartier est disponible sur le site suivant : ici !



Quelque chose d’à la fois froid et triste suinte des vieux murs des bâtiments industriels. Le jour de notre visite fut un jour gris sans trop de monde, ce qui contribuait à renforcer l’atmosphère morose, mais qui n’était pas pour autant oppressante. Juste profondément mélancolique.


Des galeries et des boutiques se côtoient, entre expression artistique et marketing, création et commerce, l’être et l’avoir. Je trouvais l’association directe quelque peu dérangeante, mais pas déplaisante, même si je n’ai que peu apprécié l’impression de supermarché de l’art que m’a donné l’endroit, comme une grande braderie.

La sincérité que j’ai ressentie dans certaines expositions m’a cependant consolée. J’ai aimé cette sensation de liberté d’expression et de libération. Je percevais quelque chose au-delà de cette friche industrielle, de ces ferrailles, de ces tristes murs de briques, de cette fumée qui couvre la ville, de cette vie de fourmi, et ce quelque chose me paraissait s’enraciner et grandir sur cette histoire. L’homme se réapproprie son passé pour créer son futur et faire vivre son présent.

J'ai trouvé sur le net deux vidéos mettant en avant certains artistes exposant dans ce lieu :




Project 798: New Art In New China

Ce quartier, le district 798, semble marginal, emprisonné derrière les grillages du camp, mais il existe et vit. Ce fut une belle rencontre, quoique mélancolique. Perdue dans mes pensées, je réfléchissais à l’urgence de changer de mode de vie et de pensée et de nous libérer de cette machine industrieuse, tout comme ce quartier qui actuellement renaît.

En attendant, nous étions sortis de Dashanzi, et il pleuvait sur Beijing.

Chinese Connection 4

Dimanche 19 septembre 2010 : Le Temple du Ciel, ou comment nous avons survécu à notre première journée lâchés dans la jungle urbaine pékinoise.

Perdus, nous ? Jamais !

Avec mon long voyage sans sommeil, je fus calée sur l’horaire chinois en une seule et unique nuit. Plutôt pratique en fait, les problèmes de décalage horaire n’étant pas très amusants à gérer en voyage… Cependant, si mon organisme s’est bien adapté, ce ne fut pas le cas de mon réveil, resté à l’heure réunionnaise. Au début, je me disais naïvement que ce serait mignon de garder l’heure de ma maison dans la poche, histoire de penser à ce qu’était en train de faire Ludo, tout là bas, de l’autre côté de l’Océan Indien… Et bien ce romantisme de bas étage m’a fait rater le départ pour la Cité Interdite, le réveil sonnant bien à 7 heures du matin, mais en GMT +4 et non en GMT +8… Inutile de partir à 11 heures pour une telle excursion, et, maudissant ma tête de linotte, oubliant mes résolutions à l’eau de rose, je mis aussitôt mon réveil à l’heure chinoise puis réveilla Vivien pour trouver un plan B.

J’étais dégoûtée, d’autant plus que la journée était annoncée belle et ensoleillée. A croire que ce n’était pas le jour où nous devions découvrir la place Tian’anmen et la Cité Interdite. Nous décidâmes de nous rabattre sur la visite d’un parc, ayant besoin de voir un peu de verdure, fatigués des hautes tours et du béton (déjà, et dire que ce n’était que le début du voyage !). Notre choix se porta sur le Temple du Ciel, un peu au hasard : nous avions tellement aucune connaissance de la ville que nous nous laissions guider par notre instinct et les conseils de nos amis pour le choix des visites. J’avais un peu honte de cela, trouvant cette attitude légère pour un voyage dans un pays étranger. Cependant, l’idée de laisser venir les choses sans trop vouloir les diriger était séduisante. C’est souvent de cette manière que les plus belles rencontres se produisent.

Célia nous indiqua la manière de dire au chauffeur de taxi où nous voulions nous rendre, et, armés de nos guides de voyage et de conversation ainsi que de l’adresse en chinois de la maison pour assurer le retour, nous nous mîmes en route. De toutes façons, nous n’avions trop rien à craindre : la veille, nous avions acheté des cartes téléphoniques et Célia nous avait laissé un téléphone portable. Par la magie du GSM, nous étions ainsi reliés à nos amis qui pouvaient à tout moment nous secourir si nous en venions à nous perdre. Nous partions à l’aventure, mais avec ceinture et bretelles, ce qui avait de quoi me rassurer.

Sortis du lotissement, nous saluâmes les gardiens et allâmes nous poster sur le trottoir pour prendre un taxi. Première épreuve. Plusieurs attendaient et nous nous adressâmes au premier. Heureusement que nous allions à un lieu touristique : le chauffeur nous a compris sans trop grand mal et nous partîmes sur la voie rapide qui filait entre les buildings de Beijing. Je ne savais bien entendu strictement rien du chemin à suivre ni ne connaissait la ville. Le stress me tenailla durant les trois quarts d’heures de trajet, durant lesquels je ne cessais de me demander si le chauffeur nous avait bien compris ou non. Vivien me répétait que nous arriverions bien quelque part qui serait intéressant à découvrir. Et en effet, où que nous nous dirigions, c’était vers l’inconnu…

(Bon, en fait, nous allions vers le cercle rouge sur la carte en partant de quelque part dans le coin en haut à droite, mais ça, dans le taxi, je n'en savais rien !)

Le taxi quitta brusquement la grande avenue où nous nous trouvions pour effectuer un tour à 180°. Il s’arrêta sur une place pavée et nous présenta la facture : nous étions à l’entrée du parc du Temple du Ciel. Cela mettait fin à tous mes doutes, et c’est tremblante de stress que je descendis de la voiture. Et tremblante d’hypoglycémie, surtout… Il était en effet 13 heures et nous n’avions jusqu’alors rien mangé. Voulant à tout prix visiter autre chose que du béton, nous décidâmes cependant de faire fi de l’heure tardive pour nous empresser de prendre nos billets et ainsi pouvoir nous engouffrer dans le parc.

Je ressentis un immense soulagement à la vue des arbres, fleurs et bâtiments traditionnels. Des promenades couvertes par des toits de tuiles bleues ou vertes, soutenus de colonnes de bois rouge, aux corniches peintes de motifs ornementaux ou de scènes rappelant des estampes à l’encre, le sol dallé, tout cela me paraissait tout droit sorti d’un de mes clichés sur la Chine !

Nous parcourûmes tous les sites pouvant être visités du lieu. Cet endroit était un site sacré sur lequel, chaque année, l’Empereur venait prier pour les moissons au cours d’un grand rituel. Ainsi, chaque bâtiment avait une fonction, pratique ou rituelle. Les yeux grands ouverts, j’essayais de capter le moindre détail, que ce soit dans les couleurs, les ornements, architecture, mais la grandeur du site me faisait tourner la tête. Je la sentais trop étroite, mon regard trop étriqué, pour pouvoir entièrement contempler le lieu où je me trouvais. Certes, l’hypoglycémie galopante avec les heures qui passaient ne devait pas être étrangère à cet état.

Petite pause Wikipédia :

"Le Temple du Ciel (chinois traditionnel : 天壇; pinyin : Tiān Tán) est situé dans la ville chinoise, un quartier historique du sud de Pékin, dans le district de Xuanwu.

Dans l'ancienne Chine, l'empereur était considéré comme le « fils du Ciel », qui préservait le bon ordre sur terre en faisant le lien avec l'autorité céleste. Afin de montrer son respect au Ciel, les cérémonies de sacrifice étaient très importantes.

Le Temple du Ciel a été inscrit par l'UNESCO à la liste du patrimoine mondial en 1998.

[...]

Initialement appelé Monument du Ciel et de la Terre, il a été construit de 1406 à 1420 pendant le règne de l'Empereur Yongle, qui était aussi responsable de le construction de la Cité Interdite. Le temple fut agrandi et renommé Temple du Ciel pendant le règne de l'Empereur Jiajing au seizième siècle."

Comme je l'ai mentionné plus haut, le site est composé de plusieurs temples, dont l'architecture est loin d'être laissée au hasard. Par exemple, le chiffre 9 y est paraît-il omniprésent, les nombres impairs étant rattachés à la symbolique du ciel et 9 étant le plus élevé d'entre eux. Une autre symbolique très présente réside dans les couleurs et la géométrie : les enceintes carrées couvertes de tuiles vertes symbolisent la terre, tandis que les bâtiments ronds avec des tuiles couleur bleue représentent le ciel. Ainsi, le site a été pensé de manière à symboliser la relation entre le ciel et la terre, à savoir le monde des humains et celui du divin. Et l'Empereur joue dans cette relation un rôle tout particulier.

http://dalbera.perso.sfr.fr/perso_2001/pekin/temple_ciel_web/carte_temple.htm

Pour l'anecdote, ce monument serait jumelé avec le château de Chambord... Enceintes carrées, tours rondes, c'est vrai qu'il pourrait y avoir des ressemblances ;o) !

http://www.ac-grenoble.fr/ecole/rostand.chambery/articles.php?lng=fr&pg=960

Mais revenons à nos moutons...

Salle de la prière pour les bonnes moissons


A l'intérieur, des autels, des sacrifices, le tout richement décoré et coloré.


Une des bas reliefs ornant les escaliers. Tous sur des thèmes différents (tous célestes), celui ci représente deux dragons, tandis que d'autres portent sur des phœnix ou des nuages.



Détail de peinture des boiseries

Brasier dans lequel étaient sacrifiés des bœufs, ou veaux. Je n'ai pas su si les animaux étaient sacrifiés vivants : en effet, le site comporte des " divines cuisines", dans lesquelles les sacrifices rituels étaient "préparés". J'ai supposé que peut être l'Empereur offrait aux cieux des plats déjà cuisinés (bœuf en sauce, poulet aux champignons, etc.)... j'ai trouvé l'idée sympa...

... et les buildings ne sont jamais bien loin !

Le parc est boisé, notamment avec des cyprès centenaires. Ballade agréable au travers des âges, apaisante et pleine de sagesse.

Intérieur de la voûte céleste impériale


Alors là, je recherche une personne lisant le chinois pour me dire ce que c'est, cet OINI (objet immobile non identifié) était au milieu d'une pelouse... et j'ai trouvé le dessin de la souris mignon (^_^;...

Salle de l'abstinence, le palais dans lequel se retirait l'Empereur pour se purifier avant la cérémonie.
Quelques détails de peintures sur boiseries...


Pour seul repas, nous nous contentâmes d’une glace, n’ayant pas le temps de nous arrêter pour manger en raison de la grandeur du site qui demandait des heures de visite. Il faisait beau, chaud, et nous errâmes de longues heures dans le parc où chantaient les grillons. Cà et là, des gens faisaient de la musique, et une allée était même transformée en immense dancefloor, des cours de danse se succédant, chacun avec sa musique et ses rythmes, tantôt rock, tantôt tango, pour ce que j’ai réussi à identifier du moins… Je ressentais une grande allégresse à traverser cette allée en voyant tous ces gens danser spontanément, certains avec une grande application, d’autre avec beaucoup de cœur, dans ce parc en fin de journée, au milieu de cette mégapole polluée.


Le retour chez Célia et Martin fut moins festif. Ou tout autant, cela dépend du point de vue adopté… Ce fut une misère pour trouver un taxi, la faim au ventre et les jambes fatiguées après de longues heures de marche. Celui qui au final nous prit se révéla être un véritable chauffard de taxi, slalomant dangereusement entre les voitures en plein dans le trafic surchargé de la fin de journée dans la capitale. La conduite à la chinoise a de quoi surprendre lorsqu’on vient d’un pays où il existe un code de la route… Bon, blague à part, j’imagine qu’ils doivent en avoir un aussi, mais, dans ce cas, il est bien différent du nôtre ! La technique ne semble pas pour autant mauvaise, car la route s’organise en un immense capharnaüm où chacun prend sa place et où tout le monde avance. J’oserais bien appeler cela un « trafic harmonieux » (l'harmonie étant un concept si cher au gouvernement du pays) ! En effet, si tout le monde roule en zigzagant, paraissant constamment se couper la route, chacun semble faire attention aux autres, et je n’ai jamais vu un seul accident. Inutile de préciser que dans cette organisation, le piéton est le dernier dans la chaîne des priorités, et mieux vaut se garer sur le trottoir lorsque le feu passe au vert !

Et voilà à quoi ressemble une rue chinoise ! Impressionnant, tout ce bitume, n'est ce pas ?

Quand tradition côtoie modernité... !

Dans notre cas présent de chauffard de taxi, cependant, je garde la certitude que c’était un vrai fou du volant ! Par moment, il éclatait de rire, blaguant probablement avec ses amis au téléphone (oui, car ils téléphonent beaucoup au volant, aussi…), et globalement, il m’apparaissait ne pas tenir à la vie au vue de sa conduite des plus… audacieuse… Cela eut l’avantage de ne pas nous faire perdre de temps dans les embouteillages.

A l’arrivée, je m’étalai sur le canapé, me demandant par quel miracle j’étais en vie, essayant vainement de me rappeler le nom du Saint Patron des conducteurs… Il faudra qu’à mon retour j’aille lui faire brûler un cierge ! J’étais fatiguée, affamée, mais ravie de la visite.

Cependant, j’étais horriblement frustrée de ne pouvoir échanger avec les chinois en raison de la barrière de la langue. Je voulais faire des progrès afin de pouvoir un peu communiquer, mais ils ont vraiment une langue délicate à appréhender. Incompréhension, quand tu nous tiens… Oui, c’est horriblement frustrant pour moi de ne pas pouvoir communiquer avec les gens qui m’entourent, que je croise, que je vois, ne pas interagir avec eux, ne pas échanger, ne pas partager. Je suis analphabète, muette, comme autiste, prisonnière d’une bulle de verre. Sourires gênés, regards désolés, et pourtant, je voudrais tellement parler ! L’apprentissage est dur, je n’arrive à rien retenir, ne trouvant aucun repère aucun me raccrocher. Ou peut être est ce l’âge… Pourquoi est ce si compliqué de se comprendre et d’échanger autre chose que de l’argent ? C’était une situation toute nouvelle pour moi qui jamais n’avais voyagé dans de telles conditions.

Heureusement que nous nous retrouvions dans une ambiance francophone le soir venus pour décompresser, sinon l’incompréhension constante aurait eu raison de mes neurones !

Chinese Connection 3

Samedi 18 septembre 2010 : Immersion

Ma première journée en Chine fut placée sous le signe du shopping… Vivien avait besoin de vêtements, n’ayant quasiment rien emporté avec lui, et devait faire son « Pretty (wo)man ». Nous sommes tous allés à Wangjing, Evan étant gardé par l'ayi, la femme de ménage. Tous les étrangers ici semblent en avoir une, d'ayi. Elle s'occupe de tout dans la maison quelques jours dans la semaine, et va même jusqu'à garder les enfants, le tout pour un coup abordable par rapport au niveau de vie des expatriés. Moi qui ne suis pas une passionnée de ménage, je la voyais comme une aide précieuse dont j'aurais grand besoin pour notre petit appartement réunionnais, même si jamais je ne pourrais me permettre un tel service en France... Alors dans une grande maison comme celle de mes amis, j'imaginai aisément que cela devenait une nécessité !

Je profite de ce premier récit d'excursion pour faire un rapide point sur la géographie de la capitale chinoise. "Facile" m'ont dit mes amis "c'est construit en carré !". Mouais... Facile peut être sur un plan, en attendant, c'est tellement immense et étendu que l'étranger est vite perdu et peut parcourir des kilomètres à pieds sans atteindre son but ! Cinq périphériques encerclent la ville, centrée autour du quartier historique avec la Cité Interdite :

http://www.ladocumentationfrancaise.fr/cartotheque/pekin-capitale-metropole.shtml

Célia et Martin résident au Nord-Est, au niveau du cinquième périphérique, pas très loin de l'aéroport. Pour partir en vadrouille, le plus simple était de prendre un taxi. Il y en avait toujours en train d'attendre à la sortie du carré résidentiel. Ce jour là, donc, nous partions à Wangjing, approximativement encerclé en rouge sur la carte suivante :


Wangjing... Cette ville nouvelle semble être tout à la fois en construction, démolition et réhabilitation. Il y a là-bas un marché, ou plutôt un souk fourre tout où les prix défient toute concurrence. Je me sentais dans un no man’s land irréaliste, bétonné sans la moindre parcelle de naturel, abandonné de toute étincelle de vie, mais fourmillant paradoxalement d’activité. Je n’arrivais pas à saisir le but de toute cette agitation, le temps gris ne m’aidant pas à trouver un sens à ce que je voyais. D’immenses immeubles se dressent, isolés, au milieu d’un micmac d’avenues, de terrains vagues emplis de gravats, de quartiers de bicoques commerçantes qui, lorsqu’elles ne semblent pas vides et abandonnées, proposent à la vente de tout et n’importe quoi.

Nous sommes allés manger dans un petit restaurant assez rempli dans lequel nous fîmes une entrée remarquée, les clients et employés ne semblant pas s'attendre à une arrivée massive de "laowai", c'est à dire d'étrangers. Nous fûmes installés à une table un peu à l’écart et Célia et Martin commandèrent pour nous des plats tous plus ou moins épicés qui n’aidaient en rien à rafraîchir la chaude atmosphère. Une multitude de plats sur la table et un trop petit appétit pour en arriver à bout. Ils nous présentèrent les fameux œufs de cent ans, et je dois avouer que, même si je ne pense pas être difficile, je me retrouvai face à une limite infranchissable. Le blanc devenu d’un noir translucide, et le jaune transformé en une boule m’inspirant de la cendre, le tout un peu caoutchouteux comme du pneu… Non, vraiment, ç’en était trop pour moi ! Peut être allais je m’y habituer, peut être fallait il éduquer son goût pour pouvoir apprécier, peut être la nausée que j’avais en raison de la chaleur qui régnait dans l’établissement me coupait elle l’appétit de la découverte, mais en tout cas je ne garde pas un souvenir mémorable de cette expérience.


Le ventre lourd, j’étais contente d’aller bouger et « respirer » dans le marché, où nous avons passé un bon moment. Je regardais Célia et Martin marchander, admirative et aussi un peu envieuse de pouvoir moi aussi être un jour suffisamment à l’aise pour faire de même. L’offre importante et le prix des produits proposés avaient de quoi faire tourner la tête. Vivien s’en est d’ailleurs donné à cœur joie, lui qui n’est arrivé qu’avec très peu de vêtements pour tout acheter sur place.

Après le marché, nous nous sommes promenés, suivant nos hôtes dans les grandes rues, pour finalement atterrir dans un pub irlandais (intéressant !) où nous avons bu un verre avant de rentrer.

Il était prévu que Vivien et moi allâmes à la Cité Interdite le lendemain, et je ne pouvais m’empêcher de ne pas être bien tranquille à cette idée. Tout me paraissait si complexe autour de moi ! La langue, les habitudes, ce que font les gens, ce qui est écrit… Mais les chinois me semblaient gentils, à en croire les sourires des vendeuses que nous avions rencontrées ce jour là. J’ai ainsi passé la soirée à réviser quelques phrases toutes faites dans mon guide de conversation, tout en ayant conscience de l’inutilité de l’opération. Je me rappelais de situations similaires la veille de partiels lorsque j’étais étudiante… Comme tout ceci me semblait vain !