Chaleur à Saint Denis

Après les évènements de hier sur le chef lieu réunionnais, je me sens bien obligée de faire un petit post...

Hier, donc, c'était la grève. Le collectif réunionnais contre la vie chère (cospar) était bien décidé à de nouveau faire part de son mécontentement en descendant dans la rue pour se faire entendre des autorités. Petite manifestation, la mobilisation étant moins importante que prévue à Saint Denis ce 10 mars 2009. Pour tout dire, je n'ai appris que tardivement que c'était un jour de grève, tellement ce mardi là ressemblait à tant d'autres jours ordinaires.

Un jour comme les autres où je sors du travail à 16h30, marche, grimpe sur ma colline et arrive en sueur par la chaleur à la maison pour attendre Ludo et grignoter un bout sur la terrasse en écoutant le muezzin chanter la prière du soir. La lune presque pleine était belle, douce, lumineuse et elle montait dans le ciel changeant avec le coucher du soleil, baigné de teintes rose, sable et de dives bleus. Et le ballet des chauves souris, prenant la place des oiseaux, battait son plein.

Sauf que là, des bruits bizarres de tonnerre résonnait au loin. Mais ça ne sonnait pas comme un orage... Des feux d'artifices ? Non, on n'entend pas de "pfûûût" de la fusée avant l'explosion. Les canons saluant l'arrivée du porte hélicoptère "La Jeanne" devant faire escale quelques jours sur l'île ? Bizarre quand même (quoiqu'imaginer les canons du Barachois tirant des salves était assez charmante (^_^) )... Ca ressemblait à des coups de feu. Pensant à la manifestation, et Ludo ayant vu des policiers "en armure" durant l'après midi en ville, nous avons fini par nous dire que cela devait vraiment être les tirs de bombes lacrymogènes. Tout de même, ça en fait du boucan !

Je suis aussitôt allée sur le net pour m'informer de ce qui se passait et ai alors vu comment la manifestation avait dégénéré. Des casseurs et autres personnes voulant en découdre avec les forces de l'ordre avait détourné les évènements, voyant là une belle occasion de faire monter l'ambiance. Ils s'étaient repliés vers le quartier populaire du Chaudron, brûlant voitures et poubelles, vandalisant et pillant des magasins, jouant à cache cache avec la police, bref, à croire qu'ils se sentaient heureux et vivants. Petit parcours de santé dans les rues de Saint Denis pour garder la forme !

Quoiqu'il en soit, avec toutes les détonnations qu'on entendait, les policiers devaient être en train de gazer le quartier. Ca n'arrêtait pas. Même Freedom, LA radio locale omnisciente au courant de tout ce qui se passe sur l'île ne donnait aucune information. Faut dire que 22h, c'est l'heure des petites annonces du coeur, donc l'animatrice était plus occupée à relayer l'info pour que N., métro, arrivé depuis 2002 sur l'île, trouve une tantine au regard envoûtant, plutôt que de nous tenir au courant de ce qui se passait au Chaudron, qui faisait carrement moins rêver...

23h, on commence à se résigner. Non, cela n'allait pas cesser pour nous laisser aller dormir au calme. Espéront que la pluie qui commence à tomber leur refroidisse un peu la tête. Au lit donc ! Et là, drame, ils ont décidé de sortir... l'hélicoptère ! Vous savez, celui qui a le projecteur, non pas pour appeler Batman, mais pour dénicher le vil émeutier caché dans les recoins sombres ! "A l'américaine "!, comme dirait un certain facteur en bicyclette. En attendant, voilà encore un bruit de plus... Je me sens comme Norbert, débarqué en polynésie à la recherche de la tranquilité pour se retrouver sur Tarâtata, l'atoll le plus bruyant de tout Tahiti ! Les policiers récemment débarqués sur l'île pour le maintien de l'ordre durant les manifestations ont dû lire "Seine Saint Denis" au lieu de "Saint Denis"...

Résultat des courses : pas dormi de la nuit. Ce qui était amusant, c'était de voir les collègues habitant Saint Denis arriver avec des cernes au petit matin ;o)

Donc voilà, rien de bien méchant, mis à part, bien entendu, les dégâts matériels (rien de bien méchant, donc).

"Elle est plus forte que toi, la criiiise"

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