Super Taonux !

Souvent je me demande comment nous faisions avant d'avoir notre petit diablotin de chat. Notre vie en effet devait être d'un ennui mortel, dans lequel la routine quotidienne ne se trouvait jamais bousculée par une quelconque bêtise comme seul un cerveau de félin peut en imaginer. C'est que c'est créatif comme bestiole ! Impossible de prévoir ce qu'il pourra inventer demain, et chaque jour nous découvrons un peu plus l'étendue des capacités de notre compagnon dans le domaine de l'ânerie, ce qui est, soit dit en passant, assez paradoxal pour un chat...

Et la dernière en date est certainement la meilleure qu'il ait pu nous faire ! Le week end dernier avait pourtant plutôt bien commencé, sous le signe du taichi et du repos. Je m'adonnai aux plaisirs de l'origami et étais on ne peut plus zen, chose assez rare chez moi. Bref tout allait bien, tout le monde était heureux...

"Mais comme notre chatou adoré doit s'enuyer tout seul dans cet appartement ! Nous devrions aller le promener un peu !"

Première erreur : ne jamais faire quelque chose qu'on pense être bénéfique pour quelqu'un d'autre, chose d'autant plus vraie quand ce quelqu'un d'autre est un chat ! Désormais, j'ai appris qu'un chat va toujours très bien là où il a choisi d'être et qu'il n'a certainement pas besoin qu'on s'inquiète pour lui, surtout si c'est pour l'obliger à faire quelque chose (par principe, il sera dans ce cas toujours contre).

Ludo voulait faire du taichi, et, ni une ni deux, nous partîmes dimanche matin pour le Jardin de l'Etat, notre chat arnaché dans son harnais se débattant comme un diable dans le but de retourner dans le confort de la couette.

Il y avait peu de monde dans le parc et Tao ne semblait pas trop traumatisé. Nous avons donc laissé Ludo à ses exercices et je laissais le chat renifler à sa guise arbres et hautes herbes. Je m'amusais à le voir se diriger lentement mais sûrement vers la sortie et relâchai mon attention lorsque la dame chargée de l'entretien des toilettes apparut brusquement, effrayant Tao qui se débattit à me griffer profondément alors que je tentais de l'éloigner pour le calmer. Dans la bataille, il parvint par je ne sais quel tour de passe-passe à se défaire de son harnais et partit comme un bolide, me laissant abasourdie avec un bras en sang. J'essayai de le suivre mais il eut tôt fait de s'échapper à travers des grillages et je mis un moment à me rendre compte qu'il m'avait échappé, peut être à jamais. J'enclenchai alors le mode "panique" et courus prévenir Ludo. Nous nous mîmes aussitôt à la recherche de notre fugitif qui devait être mort de peur, seul au milieu d'un monde qu'il considérait comme hostile.

Je me sentais coupable et rentrai à la maison afin de faire des avis de recherche que Ludo placarda aux entrées du parc. Il remua ciel et terre, gardiens et pique niqueurs, pour retrouver une trace du félin égaré. Il l'a trouva un peu par hasard juste avant que je le rejoigne, lorsqu'il eut l'idée de se pencher sur le cas de cette canalisation évacuant les eaux d'une gouttière :

Certes ce n'était apparemment qu'une banale canalisation...

... sauf qu'un drôle de farfadet semblait habiter celle ci !
Grâce à la lueur de deux petites billes perdues au fond de ce trou à rat d'égout, nous retrouvâmes le sourire ! Quelques petits tests et photos nous prouvèrent qu'il s'agissait bien de notre Tao, et puis quel autre chat aurait l'idée saugrenue de venir se fourrer dans un endroit aussi sale et dégoutant ? Le plus dur restait à faire, à savoir extraire la bestiole de son trou...

Nous passâmes de longues heures à essayer d'appâter l'animal à grands renforts de jouets et de croquettes, en vain. Même son bouchon favori le laissait de marbre :

Les heures passaient et nous commencions à nous résigner à attendre le gardien du Jardin de l'État qui avait les clés du local d'où émergeait l'autre bout de la canalisation, histoire de voir si un peu d'eau ne pourrait pas aider à décider Tao de sortir. N'en pouvant plus et ne souhaitant pas devoir en arriver là, je me souvins à quel point ce chat avait horreur de mes vocalises qui lui vrillaient ses oreilles si sensibles, et, pensant que la canalisation allait propager les sons de manière suffisamment abominable, je commençai à m'égosiller d'une voix des plus aigues, l'appelant et le motivant pour venir me voir. Comme prévu, il réagit quasiment aussitôt, mais nous ne parvînmes à le récupérer qu'au bout de plusieurs dizaines de minutes, durant lesquels je passai pour une folle aux yeux des passants qui se demandaient pourquoi je vociférais à quatre pattes devant un tuyau rejetant de l'eau croupie. Qu'importe, un fois le chat suffisamment près de l'ouverture, nous l'avons saisi, avons fait fi des griffures et morsures du chat furax et dégoulinant, l'avons jeté dans la voiture et sans plus de discours, sommes rentrés enfin chez nous, soulagés et épuisés.

Inutile de préciser que notre pauvre Tao fut impossible à nettoyer, le chat préférant ingurgiter la pollution de ses poils plutôt que de se faire toiletter :


Il s'en est toutefois vite remis, malgré la séance de vermifuge qui s'en est suivie. Il aurait pu attraper n'importe quoi là-bas dedans !

Reste que ça m'a donné une idée, et je pense savoir comment ce chat pourra enfin nous apporter sa part de salaire, histoire qu'il participe un peu aux frais de la maison... Un nouveau concept de curage de canalisations, certainement une déformation professionnelle :


On déstresse comme on peut... (^_^; !

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